Effet Barnum, également appelé effet Forer, en psychologie, le phénomène qui se produit lorsque des individus croient que les descriptions de personnalité s’appliquent spécifiquement à eux (plus qu’à d’autres personnes), malgré le fait que la description est en fait remplie d’informations qui s’appliquent à tout le monde. L’effet signifie que les gens sont crédules parce qu’ils pensent que l’information les concerne uniquement alors qu’en fait l’information est générique. L’effet Barnum vient de l’expression souvent attribuée (peut-être à tort) au showman P. T. Barnum selon laquelle un « meunier » naît à chaque minute. Les médiums, les horoscopes, les magiciens, les lecteurs de paume et les observateurs de boules de cristal utilisent l’effet Barnum lorsqu’ils convainquent les gens que leur description d’eux est très spéciale et unique et ne pourrait jamais s’appliquer à quelqu’un d’autre. Synonymes : effet Forer, effet puits, effet de validation subjective, effet de validation personnelle.
L’expression d’effet Barnum est attribuée au psychologue américain Paul Meehl (1920-2003) en référence à l’homme de cirque Phineas Taylor Barnum (1810-1891), qui dans les années 1850 avait mis au point un numéro dit de « lecture à froid » où l’on racontait des généralités sur les personnes, mais qui paraissaient ne s’appliquer qu’à un seul spectateur cible.
En tant que technique de manipulation, l’effet Barnum est largement utilisé :
- en astrologie,
- en numérologie,
- en cartomancie,
- en chiromancie,
- en graphologie,
- dans les horoscopes,
- en voyance,
- dans les pseudosciences en général,
- dans les tests de personnalité,
- en politique,
- en séduction.
L’effet Barnum a été étudié ou utilisé en psychologie de deux manières. Une façon a été de créer des commentaires pour les participants aux expériences psychologiques, qui le lisent et croient qu’il a été créé personnellement pour eux. Lorsque les participants remplissent une échelle d’intelligence ou de personnalité, parfois l’expérimentateur la note et donne au participant son score réel. D’autres fois, cependant, l’expérimentateur donne aux participants des commentaires faux et génériques pour créer un faux sentiment (par exemple, pour donner l’impression qu’ils sont une personne exceptionnellement bonne). La raison pour laquelle la rétroaction « fonctionne » et est considérée comme un descripteur unique d’une personne individuelle est que l’information est, en fait, générique et pourrait s’appliquer à n’importe qui.
L’autre façon dont l’effet Barnum a été étudié est avec des ordinateurs qui donnent un (vrai) retour de personnalité aux participants. Les cotes de personnalité données par les ordinateurs ont été critiquées pour être trop générales et acceptées trop facilement. Certains chercheurs ont fait des expériences pour voir si les gens considèrent que les vrais commentaires sont plus précis que les faux commentaires. Les gens considèrent que les vraies descriptions d’eux-mêmes sont plus précises que les faux commentaires, mais il n’y a pas beaucoup de différence.
L’effet Barnum fonctionne mieux pour les déclarations positives. Les gens sont beaucoup moins susceptibles de croire qu’un énoncé s’applique à eux lorsqu’il s’agit d’un énoncé négatif, comme « Je pense souvent à blesser les gens qui font des choses que je n’aime pas ». Ainsi, les rapports Barnum Effect contiennent principalement des déclarations avec des éléments principalement positifs, tels que les éléments répertoriés ici. Notez que les phrases négatives sont compensées par quelque chose de positif pour terminer la déclaration.
Ce phénomène a été décrit en 1948 par le psychologue américain Bertram Forer (1914-2000). Il a fait passer à ses étudiants un test de personnalité en distribuant à chacun d’eux une description de personnalité qu’il avait élaborée à partir d’un ensemble d’horoscopes. Toutefois ses étudiants ne savaient pas que l’expérimentateur avait à tous remis le même texte :
- « Vous avez un désir intense d’amener les gens à vous accepter et à vous aimer. »
- « Parfois, vous donnez trop d’efforts sur des projets qui ne fonctionnent pas. »
- « Vous préférez le changement et n’aimez pas vous sentir limité dans ce que vous pouvez faire. »
- « Vous êtes un penseur indépendant qui est fier de faire les choses différemment des autres. »
- « Parfois, vous pouvez être bruyant, extraverti et sociable, mais d’autres fois, vous pouvez être calme, timide et réservé. »
- « Vous pouvez être trop dur avec vous-même et très critique. »
- « Bien que vous ayez quelques faiblesses, vous essayez très fort de les surmonter et d’être une meilleure personne. »
Il a demandé à ses élèves de noter de 0 (médiocre) à 5 (excellent), la pertinence de ce texte par rapport à leur propre personnalité. Il a obtenu une évaluation moyenne de 4,26 qui montre un important accord. Les résultats de cette expérience reproduite des centaines de fois depuis 1948 ont été confirmés avec des notes analogues (environ 4,2 en moyenne) et avec un écart-type très étroit.
D’autres études (D.H. Dickson et L.W. Kelly) ont montré que cet effet était augmenté notamment si :
- la personne était persuadée que l’analyse s’appliquait à elle seule,
- la personne reconnaissait dans l’évaluateur une autorité,
- des traits en majorité positifs étaient présents dans l’analyse.
Ces recherches ont également révélé que l’effet Barnum touche encore plus les personnes qui ont un grand besoin d’être approuvées, d’avoir le consentement d’autrui ou qui ont un penchant autoritaire.
L’effet Barnum s’expliquerait par le fait que l’esprit humain comble le vague de la description en y projetant ses propres images et en ne retenant que les éléments qui l’arrangent. En outre, comme l’être humain est toujours à la recherche d’informations pour enrichir la représentation qu’il a de lui-même, il a tendance à accepter ces informations extérieures, surtout s’il croit aux méthodes qui ont permis de les élaborer. « L’effet Barnum met en lumière le processus incessant de la construction de la représentation de soi-même. L’esprit humain doit en effet se servir d’éléments qui lui sont extérieurs pour avoir une image de lui-même, image qui n’est jamais définitive. » (François Filiatrault – Sciences et Pseudo-Science – PS n° 256, mars 2003)
La mise en évidence de ce phénomène est un des plus importants moyens de lutte contre les pseudo-sciences utilisés par la zététique.